Quelle avenir pour notre démocratie en Belgique : à réveiller, renouveler ou réinventer ?

Telle était la question posée au député fédéral Koen Geens ce vendredi 19 novembre, dans le cadre des Chemins d’Automne du cdH d’Etterbeek.

Koen Geens rappelle que la démocratie repose sur différents principes : l’état de droit, la liberté d’expression, l’égalité et la liberté des citoyens, les élections et les mécanismes de décisions parlementaires, la consultation. Il rappelle également l’influence des partis qui concentrent le pouvoir et l’influence grandissante (et souvent perturbatrice) des réseaux sociaux.

De cet exposé, nous retenons trois éléments clés, ainsi que deux pistes à explorer :

1. Il convient d’abord de mettre en perspective la démocratie que nous vivons en Belgique et en Europe. La Belgique en particulier reste un pays de cocagne : notre niveau de bien-être reste parmi les plus élevés du monde. Nous pouvons nous permettre un haut niveau de complexité de nos institutions qui permet de maintenir la paix, qui est le bien le plus précieux (nous l’oublions car nous y sommes habitués) : en permettant à beaucoup de s’exprimer et de participer aux décisions politiques (suffrage universel, implication des corps intermédiaires dans la décision, fédéralisme, …), on évite qu’une minorité décide pour tout le monde (comme au 19eme siècle) ou que des divergences aboutissent à la violence.

2. L'état de droit rentre de plus en plus en conflit avec une certaine idée qu’on se fait de la démocratie : certaines décisions de justice sont difficilement acceptées et l'institution judiciaire semble parfois en conflit avec les institutions politiques. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le droit s’est enrichi des droits humains. Le respect de la dignité de l’être humain doit primer sur le pouvoir public, fut-il majoritaire. La démocratie est donc plus que l’exercice du pouvoir majoritaire.

Nous évoluons dans un monde de souveraineté partagée, particulièrement pour les démocraties européennes : le dilemme des transferts progressifs de souverainetés dans des domaines divers (budgets, monnaie, commerce, justice, politique sociale, santé, immigrations, etc …). Ces transferts paraissent souhaitables pour améliorer l’efficacité de l’Union Européenne et sa position géopolitique.

3. La participation au débat reste fondamentale. Koen Geens plaide pour l’engagement de chaque citoyen dans le débat public, en s’informant d’une part et en donnant son avis de l’autre, même si le risque d’exposition est réel, en particulier sur les réseaux sociaux. La communication est aujourd'hui sous l'emprise des réseaux sociaux: ignorer ce phénomène équivaut à se mettre hors jeu (politique).

Deux pistes à explorer :
1. La réduction du personnel politique pourrait faire baisser la pression médiatique (besoin de faire parler de soi), diminuer les frictions entre les acteurs et permettrait de mieux se concentrer sur les priorités;
2. Ré-investir dans l’État et l’administration de façon à attirer de bons éléments et à rendre le service public plus efficace, plus rapide et, dès lors, mieux respecté.

Conclusions
On s’en doute, le débat est loin d’être clos. Nous terminons avec une affirmation de plus en plus entendue et soumise à un nouveau débat : les systèmes démocratiques sont plus lourds à gérer et moins efficaces que les systèmes totalitaires. Or la crise sanitaire du Covid vient battre en brèche cette affirmation. Comme le démontre l’historien Niall Ferguson dans l’Écho de ce WE, « la plupart des états totalitaires ont mal géré la situation » (La Russie, l’Iran….) et ceux qui la gèrent, comme la Chine, l’ont fait au prix d’une lourdeur abyssale : « Tous les immeubles à appartement ont un membre du PCC dont le rôle est de surveiller tous ses voisins ». La démocratie reste donc une valeur sûre, mais à ré-investir.

Synthèse établie par
Jean-Marc Gollier, Edoardo Traversa, Louise-Marie Bataille, Henri De Henau et André du Bus